Emilienne Tohotcheu Epse Ntamack

« Les hommes me prenaient de haut »

Première femme à occuper la fonction de chef de dépôt au sein de la SCDP, celle qui, depuis le mois de janvier 2023 assume cette fonction à la tête du dépôt de Garoua dans la région du Nord, partage son expérience.

Le 20 janvier 2023, sur proposition du Directeur Général, vous êtes portée à la tête du dépôt de Garoua, cumulativement à vos fonctions de Sous-Directeur Chargé des Statistiques et des relations clients.   Comment vous sentez vous ?

Avant de répondre à votre question, permettez-moi d’adresser mes remerciements les plus sincères à Madame le Directeur Général pour cette marque de confiance renouvelée. Elle m’a fait l’honneur de faire de moi la première femme à la tête d’un dépôt. C’est inédit à la Société Camerounaise des Dépôts Pétroliers (SCDP). J’éprouve un sentiment de fierté et de gratitude. Et je pense humblement être bien rentrée dans les habits de la fonction.

Quelles sont vos difficultés depuis votre prise de fonction ?

J’avoue qu’au départ ça n’a pas été facile. Mon dépôt est situé dans le septentrion où on n’est pas habitué à voir la femme jouer les premiers rôles. C’est dire qu’au dépôt, pour les hommes, avoir une femme comme supérieur hiérarchique est à la limite du crime de lèse-majesté. J’ai été amenée à mettre sur pied des stratégies audacieuses pour pouvoir manager mes collaborateurs et me faire accepter du reste des parties prenantes avec lesquelles j’interagis au quotidien ; notamment les chauffeurs qui sont pour la plupart des ressortissants du septentrion. A force de persuasion et au vu des résultats que j’engrange sur le terrain, les tensions s’estompent progressivement et ça va de mieux en mieux.

Quel est le regard des hommes placés sous votre responsabilité ?

Au départ, les hommes me prenaient de haut, parfois avec un regard condescendant. M’inspirant du style de management du Directeur Général de la SCDP, j’ai réussi à trouver la formule pour les manager. Ma détermination et ma rigueur ont poussé certains à dire « on croyait que c’est une femme mais c’est plus qu’un homme ! ». Aujourd’hui, je suis considérée désormais comme « la mère » du dépôt, et ça me va très bien.